Gabriel
Ma grossesse
Le 27 février 2012, après 5 mois d’essais, j’apprends que je suis enceinte.
Quel bonheur !!! Les premiers mois passent…
Beaucoup de nausées comparé à ma 1ère grossesse, un peu de fatigue mais peu importe.
Notre famille va s’agrandir, ma petite perle va devenir « grande soeur ».
Confiants, nous nous rendons à l’écho des 12 SA avec notre fille. Tout se passe bien, mais je vois une masse à l’image.
Je demande au médecin ce que c’est, elle me répond gentiment
Sa vessie, je vous expliquerai après.
L’examen continu, mais je sens au fond de moi que quelque chose ne va pas.
En effet, à la fin de l’écho, elle nous explique que le bébé à une méga vessie modérée, qui peut être un signe de trisomie. 1er coup dur !
Nous restons forts face à notre fille. Une choriosynthèse est prévue 4 jours plus tard.
Le jour de l’examen, la vessie est redevenue de taille normale.
Bon signe selon le médecin. Quelques jours plus tard, nous recevons les résultats.
Tout va bien, et c’est un petit garçon. Quel soulagement !
Stéphane et moi avions une préférence pour une petite fille, mais je fais doucement à l’idée.
Je vais avoir un fils !
Je vais pouvoir souffler et profiter de ma grossesse.
On programme quand même une écho à 18 SA, par mesure de précaution.
Écho de contrôle
J’y vais confiante, seule, mon mari étant au travail et n’ayant pu se libérer. L’examen se passe bien, je m’émerveille devant mon petit garçon.
Mais à la fin de l’examen, le médecin m’informe qu’il y a un problème aux reins.
Mon monde s’écroule, je m’imagine de suite mon bébé à l’hôpital régulièrement, des dialyses voir même une transplantation (dans l’ignorance, tous les scénarios me viennent à l’esprit)…
Je ne comprends pas vraiment les termes médicaux avec lesquels on me parle. Le médecin me dit que pour le moment, il faut attendre que les reins se forment bien pour voir l’évolution. En clair, je n’ai pas vraiment de réponse précise,
Il faut voir l’évolution
[cette malheureuse phrase me suivra tout au long de ma grossesse].
Je sors anéantie !
J’appelle mon conjoint, effondrée !
Le soir, je fais quelques recherches. Mon petit garçon à un pyélectasie bilatérale avec duplication du bassinet à droite.
Je trouve pleins de témoignages… des bons… des moins bons…
Je ne suis pas beaucoup plus avancée, et j’ai peur d’être trop optimiste et de tomber de haut.
L’inquiétude
La semaine suivante (un vendredi, jour de la kermesse d’Anaëlle), je m’inquiète car je ne sens plus bébé bouger depuis 3 jours.
J’appelle donc ma gynéco qui me suis depuis le début de ma grossesse et qui au lieu de me proposer de venir faire une écho de contrôle chez elle, me demande de me rendre aux urgences de la clinique.
Cela ne m’aide en rien, je panique encore plus. Etant a mon travail, j’appelle Stéphane qui heureusement ne travaillait pas ce jour là, afin qu’il prenne mon dossier de maternité et qu’il vienne me chercher pour aller à Bordeaux Nord.
Arrivés aux urgences, on contact le Dr Gaillac, qui me recevra dans l’après midi, mais on me dit de ne pas m’inquiéter, qu’à ce stade de grossesse, c’est normal de pas le sentir tout le temps. Cela ne me rassure pas plus, j’aurai voulu une confirmation échographique.
Je me rends chez le Dr Gaillac à 16h. L’occasion pour lui de prendre le dossier en main, de me rassurer.
Et en effet, après une écho de contrôle, bébé bouge bien, mais j’ai beaucoup de liquide amniotique, ce qui explique que je ne sente pas toujours les coups qu’il me donne surtout au stade de ma grossesse. Puis il m’explique que ses problèmes aux reins n’ont rien d’inquiétants, cela serait même assez fréquent chez les petits garçons. Une histoire d’obstacle à l’évacuation de l’urine pour simplifier.
Je sors soulagée de mon rendez-vous et bien entourée. Je vais pouvoir vite rentrer pour assister à la kermesse d’Anaëlle.
Je profite tranquillement de ma grossesse jusqu’à l’écho des 22 SA. Le Dr Mangione à un doute sur le cœur du bébé et souhaite que nous voyons un spécialiste pour avis spécialisé. Notre monde s’écroule de nouveau. Rendez-vous est pris le lendemain après midi avec le Dr Girardot. Après 1h d’écho, le verdict tombe : possible troncus et CIV.
C’est terminé pour moi, je m’écroule et m’excuse auprès de Stéphane. Je comprends que tout est terminé. Mais mon obstétricien, qui comprend notre position, souhaite avoir un 2ème avis.
2ème avis
Nous rencontrons donc un deuxième cardiologue, le Dr Jimenez à la clinique St Augustin, qui elle ne retrouve pas du tout ces éléments. Un ventricule à ses parois épaissies, mais à ce jour rien de grave. Il faudra suivre l’évolution tous les mois. Je ressors légère, même si avec Stéphane nous aurions aimé un diagnostic précis. Toujours cette terrible attente…
A cause de cela, je n’arrive pas à me projeter dans cette grossesse, à profiter à fond. J’enchaine les mauvaises nouvelles depuis le début.
Toujours cette peur de tomber de haut, très haut. Nous continuons a avoir des échos toutes les 3 semaines.
La situation n’évolue pas défavorablement. Au fond de moi, une petite lueur d’espoir. Peut être arriverons nous a mener cette grossesse a terme, peut être pourrons nous te sauver afin d’avoir la plus belle et paisible des vies. Mais fin août, nous ne savons toujours pas vers quel diagnostic final nous allons. Allais-tu pouvoir vivre ? Aurais-tu à subir des nombreuses opérations ?
Le Dr Gaillac décide alors de nous adresser à l’hôpital Haut Levêque, spécialisé en cardiologie, afin de rencontrer le Dr Thomas et le Professeur Thambo. Le 3 septembre 2012 , enceinte de 31 SA, après plusieurs mois d’examens et d’attente pour poser un diagnostic précis, on nous confirme que la pathologie de notre petit garçon était très compliquée, que même une intervention ne suffirait surement pas, que le cœur du bébé est fragilisé, donc il faudrait peut être envisager une transplantations cardiaque…
Nous le savions, nous espérions depuis des mois, mais au fond de nous, nous nous attendions à ce diagnostic. Et nous savions que nous ne pourrions imposer à notre petit garçon toutes ces souffrances, des opérations à répétitions. Et nous savions que ne voulions pas imposer cela à notre fille, et à nous aussi.
Alors nous y voilà. Mon Dieu ! Ce que je redoutais depuis le début allait se produire, j’allais devoir interrompre ma grossesse. Endormir mon bébé pour toujours, sans même lui avoir donné naissance. Comment peut-on imaginer subir ça ?
Mais je sais que je préfère souffrir que d’imposer cela à mon bébé. Je suis terrorisée ! Je voudrais m’endormir et me réveiller que tout soit fini, même si je suis sur que ça ne serait pas forcément plus simple. Il faut que j’accompagne mon petit garçon, pour faire mon deuil.
Mon petit garçon bouge tellement, tout le temps, et me dire que dans quelques jour, tout va s’arrêter.
Ajouter à cela qu’Anaëlle me parle souvent de son petit frère, il lui tardait tellement de le voir.
Nous venons de la laisser rentrer tranquillement en moyenne section, et allons ce week end lui expliquer ce qui va se passer.
J’appréhende tellement ! Comment lui expliquer, trouver les mots justes, être assez forte ?
Encore ce soir, elle venait me faire des câlins et caresser mon ventre.
L’adieu
On se dit que cela n’arrive qu’aux autres … et puis voilà ! Les autres, c’est nous. La faute à pas de chance comme le dise les médecins.
L’adieu à mon ange, Gabriel (10 et 11 septembre 2012).
J’ai le cœur si vide, mais si lourd à la fois et j’ai besoin de raconter la naissance de mon fils, mon petit Gabriel.
Alors à la manière d’un journal intime, je vais raconter les journées des 10 et 11 septembre 2012.
Lundi 10 septembre 2012 :
J’ai finalement réussi à bien dormir, lexomil m’y a bien aidé je pense.
Je ne réalise pas que nous sommes LE jour.
Anaëlle déjeune, regarde un peu les dessins animés puis nous partons l’amener à l’école.
Elle ne me parle pas de son petit frère, j’avoue que cela m’arrange car cela aurait été un crève cœur. Je lui réexplique que c’est papi qui viendra la chercher et qui s’occupera d’elle, qu’elle devra être gentille avec lui et l’aider s’il cherche quelque chose dans la maison. En effet, mon père est venu dormir chez nous afin qu’Anaëlle puisse garder son rythme d’école et être avec ses copains histoire de ne pas la perturber d’avantage.
Et nous voilà en route pour la maternité. Il faut d’abord que je passe au laboratoire faire la prise de sang pour l’anesthésiste.
La laborantine me dit avec le sourire « ça sent la fin ».
Si seulement elle savait la véracité de ses mots… Alors j’ai souris, et j’ai pris sur moi.
Nous arrivons ensuite à l’accueil, nous faisons notre dossier puis nous sommes pris en charge par une sage femme qui nous amène en chambre. Ce sera la n°174.
Elle nous explique que mon obstétricien va venir nous voir, que l’assistance sociale également pour parler avec nous des différentes possibilités (inscription ou non sur le livret de famille, enterrement ou crémation, à nos frais, ou pris en charge par le CHU le Bordeaux …..).
Je ne réalise toujours pas. Je m’enferme dans la bulle. On vient me prendre la tension régulièrement, on m’explique que vers 12h je devrais prendre une douche à la bétadine en prenant bien soin de nettoyer mon bidou, pour ensuite enfiler la blouse. On me donne un lexomil pour me détendre.
Ce que je fais … je somnole. Le temps passe super vite, vers 11h30, la sage femme vient pour me poser la perfusion, mais vu que je ne suis pas encore douchée, elle me propose de le faire maintenant et qu’elle reviendra d’ici 15 minutes.
Voilà, je suis douchée, installée sur mon lit. La sage femme arrive. Première tentative pour me poser la perfusion …. J’ai des veines fines alors elle me fait claquer une veine. Elle s’excuse et me prévient que j’aurai un gros bleu le lendemain. Nouvelle tentative avec un cateter plus petit. Ca y est, elle est en place.
Stéphane est au téléphone avec une collègue à lui, que je connais également un peu, et qui est enceinte de 8 mois. Elle était justement à la même clinique pour son rendez-vous avec son obstétricien. Stéphane me demande si cela ne me gène pas qu’elle vienne nous voir 5 minutes. Sincèrement, je n’ai envie de voir personne. Ni famille, ni ami(e)s, alors ne parlons pas des collègues… mais bon, je sens que lui en a envie. Finalement Nadège arrive, le regard compatissant. Elle ne sait pas trop quoi dire… et moi non plus. Finalement on parle de choses et d’autres.
Le bloc
Stéphane est au téléphone, je ne sais même pas avec qui …. Et là on frappe à la porte, il doit être 14h, on vient me chercher pour aller au bloc.
Et là tout s’écroule. Je m’allonge sur le brancard, Stéphane ne vient même pas me faire un bisou, je me sens seule et paniquée…
Vraiment paniquée. Je pleure. Les sages femmes, ou infirmières, me caressent le visage. Ça y est, je suis au bloc. Le même où on m’avait pratiqué la choriosynthèse.
Je tremble de partout, j’ai l’impression de vivre un cauchemar.
Ça y est, on va arrêter le cœur de mon bébé. Je réalise tout le poids de la décision que nous avons pris.
On me prévient que mon obstétricien va arriver et qu’il sera avec moi. Je demande si on va me donner quelque chose pour me « détendre » car à ce stade, à part lexomil du matin, je n’ai rien eu, je suis donc tout a fait lucide. Vu mon état, on me propose de m’endormir … je dis oui.
C’est ce que j’avais demandé lors du rendez-vous avec l’anesthésiste. Il m’avait dit que ce ne serait pas possible mais que je serai bien shootée. Alors je n’ai pas hésité.
L’anesthésiste est arrivé, pose des capteurs, du tensiomètre, masque d’oxygène, mon obstétricien me chuchote à l’oreille pour me calmer, puis je sens le produit dans mon bras et je sombre. Je me réveille au bloc, on m’explique que tout « c’est bien passé ».
Je suis dans les vapes, mais je caresse mon ventre. Mon petit garçon fait dodo maintenant…
Je n’ai jamais trop caressé mon ventre pendant ma grossesse, trop peur de m’attacher et tomber de haut (ce qui est finalement arrivé), mais là je ressens le besoin de le faire, une manière pour moi de l’apaiser même si c’est déjà trop tard. J’avais énormément appréhendé ce moment, où Gabriel serait « endormi » dans mon ventre jusqu’à l’accouchement.
Comment peut-on imaginer que son ventre qui a créé ce petit être, puisse devenir l’endroit où il s’endormirait pour toujours ?
Et puis dans une sorte de déni, me persuader qu’il dormait dans mon ventre m’aidait à tenir le choc.
Le réveil
L’infirmière dans la salle de réveil est très attentionnée. Elle vient me parler, on parle d’Anaëlle. Je crois qu’il est 16h…
Puis au bout d’un moment on vient me chercher pour me remonter en chambre. Stéphane est là, m’embrasse.
J’ai ce sentiment d’être apaisée en quelque sorte (je ne sais pas vraiment si c’est le bon mot …), je me dis que le plus dur est passé, que demain je verrai mon petit garçon pour lui dire au revoir.
Vers 18h30 on vient nous apporter notre plateau repas. On mange, on regarde la télé… Et puis vers 20h, j’ai envie de manger des bêtises… kitkat, M&M’s. Alors Stéphane part en chercher au distributeur en bas de la maternité. Je me lève un peu dans la chambre, j’en ai marre d’être allongée. Je vais à la fenêtre prendre l’air… et puis je sais pas, je me sens bizarre. Et là je regarde ma perfusion… La poche est vide et plein de sang est en train de remonter. Moi qui ai horreur de la vue du sang …. Je vais vite m’assoir sur le lit et on appelle une infirmière.
Elle fait le nécessaire, mais pour le coup, j’ai plus la nausée et mon envie de kitkat est partie. J’en profite pour demander un lexomil pour ce soir.
Il est 20h, elle m’explique qu’elle passera un peu plus tard me le donner. Avec Stéphane, nous regardons « l’amour est dans le pré » et puis finalement, je m’endors sans cachet… sous l’émotion de cette 1ère journée.
Mardi 11 septembre 2012 :
Réveil à 7h30 pour prise de tension et de température. Mon obstétricien passe me voir vers 8h00 pour me donner les cachets pour déclencher le travail. J’avale mes deux cachets. Je sais que cela va prendre un certain temps, mais j’espère que je ne vais pas trop souffrir des contractions. Au bout de 20minutes, je suis prise de tremblements incontrôlables, j’ai beau me détendre, souffler, impossible. Mes jambes, mes bras, ma mâchoire tremblent… On appelle l’infirmière.
C’est un des effets indésirables des cachets. Bah manquait plus ça.
Elle me pose une poche de calmant. Cela me fait dormir. On passe régulièrement me voir.
Je souffre pas plus que ça, ça contracte, quelque douleurs parfois mais ça va.
A 14h, on me redonne 2 nouveaux cachets. Le col ne bouge pas vraiment… Je me dis que cela va vraiment être long.
Je demande même si cela peut se terminer en césarienne, car ce serait ma hantise. On me dit que non, qu’il n’y a pas raison.
En général, il faut attendre jusqu’à 24h avant que le vrai travail se déclenche. Je ne pensais pas que cela serait aussi long.
Et puis vers 18h20, une douleur me saisi les reins et le bas ventre. Le problème c’est que cela ne passe pas.
Rien a voir avec les contractions naturelles que j’avais eu pour Anaëlle. Là, c’est constant, cela ne passe pas.
Je n’ai pas de répits. Je pleure de douleur. On m’examine, le col est encore tonique mais s’ouvre à 2.
Pour soulager mes contractions, on me passe en salle d’accouchement. La douleur est passée…
Salle d’accouchement
Puis à peine le temps de souffler qu’elle revient encore plus fort, elle baisse légèrement en intensité, pour remonter encore plus fort après et sans cesse. Je n’en peut plus. On fait appeler l’anesthésiste pour la pose de la péridurale, mais je dois patienter un peu car il est avec une autre patiente. Mais quelle horreur ! J’ai mal, je passe mon temps à jurer, je m’excuse auprès de Stéphane, je pleure, je veux que cela s’arrête, je veux au moins un peu de répits.
Finalement l’anesthésiste arrive. Il n’est pas très souriant, mais c’est pas grave. Il me pose la péridurale et là… Le bien être.
Maintenant, il va falloir être patient, mais tant que je ne souffre pas, cela me va. Je dis à Stéphane d’aller se reposer en chambre, car il a très mal dormi la nuit dernière. Je le ferai appeler en temps voulu. J’ai un peu de fièvre, on me passe des antibiotiques.
C’est une réaction normale aux cachets parait-il. Mon obstétricien passe me voir très régulièrement, c’est lui seul qui suit l’évolution de mon col. Il m’est entièrement dévoué, et cela confirme bien mon ressenti quand il m’avait suivi pour Anaëlle. Quelqu’un d’humain, à l’écoute de ses patientes. D’ailleurs, c’est ce que m’a dit Sophie, la sage femme.
C’est un des rares gynéco dans la clinique à suivre d’aussi prêt ses patientes dans des situations similaires.
Les autres gynéco ne prennent pas le temps de venir au bloc, laissent le soin aux sage femme de faire le suivi et ils n’arrivent qu’au moment de la naissance.
Gabriel a toujours eu la tête en bas, donc il appuie bien sur le col, mais étant donné que j’ai un hydramios (excès de liquide amniotique), il hésite à me percer la poche des eaux, car il a peur que cela fasse changer Gabriel de position et rendre les choses « moins simples ».
Finalement, il appelle un confrère et décide de le faire. Tout en délicatesse, il me perce la poche des eaux et avec sa main veille à ce que Gabriel reste bien. Ca coule, ça coule, ça coule. 3 litres !
Alors qu’une grossesse normale c’est entre 500ml et 1 litre. Je savais que j’avais cet excès de liquide, qui d’ailleurs m’avait déclenché des contractions 15 jours plus tôt, mais là ! Mon ventre à diminué de volume, mais j’évite de trop le regarder.
Vers 21h, Julie, la sage femme de nuit, vient me poser un peu du spasfon pour aider le col à « lâcher » et de l’ocytocine pour faire avancer tranquillement le travail. Mon col est toujours tonique mais s’ouvre à plus de 3.
Vers 23h, après un énième toucher, je suis à 5. Cela avance bien, je demande a ce qu’elle aille chercher Stéphane car je sais, je sens, que tout va s’accélérer. Aussitôt partie, je sens une sensation bizarre. J’ai l’impression que ça pousse. J’appelle vite à la sonnette. Elle arrive en courant. Je lui explique. Elle m’examine de nouveau.
En effet, Gabriel est descendu c’est pour bientôt. Et là, je prends conscience que ça y est c’est fini. Que mon petit amour va sortir de moi pour toujours. Julie va faire appeler mon gynéco, qui est rentré chez lui entre temps.
Le travail
Stéphane arrive. Mais ça pousse ! Ca pousse vraiment. Je ne connais pas cette sensation. Pour Anaëlle, la péridurale devait être trop dosée, et je n’avais strictement rien senti. Là je ressens tout, sans douleur. Ce me fait peur. Je veux que mon gynéco arrive, vite ! Je pleure.
Stéphane me sert la main. Julie installe tout et me dis que si vraiment je ressens le besoin de pousser, je peux le faire.
Mais non, c’est plus fort que moi, je veux que mon gynéco soit là, et je n’ai pas envie que Gabriel sorte. Je ne sais pas comment faire pour pousser. Je n’ai pas envie. Enfin mon gynéco arrive. Il est serein, parle calmement.
Et moi je pleure parce que je sais que dans quelques minutes tout sera vraiment fini. Je sens sa tête sortir, puis son corps.
C’est tellement merveilleux comme sensation, mais cela m’arrive dans un moment si terrible.
Je ferme les yeux. J’ai peur de le voir. J’explique que je ne veux pas le voir pour le moment, mais après oui. Je regarde Stéphane, les yeux pleins de larmes.
Tout est fini, je me sens vide, là, allongée sur le lit, sans mon fils dans mes bras, comme cela aurait du l’être.
Il est 23h40. Gabriel pèse 2,125 kg et mesure 45 cm.
On donne ses affaires à Julie pour qu’elle aille l’habiller. On reste un petit moment seuls avec Stéphane.
Lui qui ne voulait pas voir Gabriel, finalement veut le voir. Je demande à Julie si elle peut nous l’emmener.
Mais je suis terrorisée intérieurement.
Elle ouvre la porte …. Il est là, si petit. Les petits points fermés, son doudou contre lui.
Je ne veux pas le voir de plus près, c’est plus fort que moi. Nous pleurons notre petit garçon.
Je suis remontée en chambre vers 2h du matin, couchée vers 3h. Nous avons fait toutes les formalités le mercredi matin et sommes rentrés à la maison vers 11h. J’ai ensuite dormi toute l’après midi…
Gabriel
Tout a commencé fin septembre avec un retard de règles de 10 jours.
Benoit et moi souhaitions un 2ème enfant, et j’avais donc arrêté la pilule au mois d’aout. Je ne m’attendais pas à tomber enceinte très vite car pour notre premier enfant cela avait mis + d’un an.
On y allait donc tranquilles sans se mettre de pression. Une amie ma convaincue de faire un test quand je lui ai parlé de mon retard mais je n’étais pas très optimiste, je pensais que c’était juste un retard vu que je ne sentais rien du tout point de vue physique.
Et puis le soir, je fais le test et là grosse surprise j’étais bien enceinte, je n’en reviens toujours pas d’ailleurs, du premier coup !!!
A partir de là ont commencé les petites échos de contrôle chez gygy où tout avait l’air de se passer normalement.
J’étais déjà très stressée car je suis porteuse d’une translocation chromosomique qui peut être très dangereuse si elle se déséquilibre génétiquement.
Bref elle serait responsable d’un lourd handicap dont ma sœur était atteinte jusqu’à ce qu’elle n’en meurt il y a 3 ans.
Pas de chance j’ai hérité du gène familial. Je suis bien placée pour savoir les conséquences qu’occasionne un tel handicap dans une famille, sur les frères et sœurs, les parents entre eux etc. Je me suis toujours dit que je n’infligerai jamais ça à ma propre famille et à mes enfants.
Je savais donc que je passerai automatiquement par une amniocentèse pour chacune de mes grossesses.
Fausse alerte
Début novembre, je commence à avoir des saignements assez abondants pendant la soirée, je me dis ça y est, c’est fini je suis en train de faire une fausse couche. Il est 23h, je préviens Benoit que je dois partir à l’hôpital pour vérifier, il reste à la maison pour garder Guilhem.
J’arrive à l’hosto en priant le bon Dieu qu’il me reprenne mon bébé s’il n’est pas normal, ça sera moins douloureux maintenant qu’après.
On fait une écho et miracle le bébé va très bien, rythme cardiaque normal, fausse alerte. La 1ère écho des 12sa est nickel, le bébé bouge bien, tout est parfait, ça me rassure quand même beaucoup.
Cette fois ci j’étais plutôt positive car tout s’était bien passé pour Guilhem donc je pensais que ça serait pareil cette fois, réaction idiote car c’est un peu la loterie dans mon cas.
L’amniocentèse
Le 3 janvier 2010, je passe mon amniocentèse tranquillement à 17sa et après ça commence les 3 semaines les + longues de ma vie où j’attends avec impatience le moment où mon gygy me dira que tout est normal et que je peux être rassurée.
Un samedi matin mon téléphone sonne, je reconnais le n°, ça y est je vais décrocher et j’aurai mon résultat.
J’en ai rêvé cette nuit plusieurs fois et à chaque fois le gygy me dit que tout va bien.
Je décroche donc ce téléphone avec le cœur qui bat à 100 à l’heure, et là les mots résonnent encore dans ma tête
Je n’ai malheureusement pas de très bonnes nouvelles, votre bébé est porteur d’un déséquilibre chromosomique qui entrainera de lourdes défaillances mentales, etc, etc, etc, il faudra attendre la semaine prochaine pour l’interruption de votre grossesse si vous le désirez, etc.
Le moment que j’ai redouté toute ma vie est en train de se produire, je n’ai plus de mots je suis choquée, je fais signe à Benoit que c’est mauvais et l’enfer commence, je sais que dans 1 semaine je n’aurai plus de bébé…
Je pleure, je pleure, je pleure, je préviens mes proches qui sont consternés pour moi, j’ai mal rien que d’y repenser.
Ne sachant plus quoi faire pour me sentir « bien », on décide de partir avec Benoit et Guilhem passer le we chez mes parents.
J’arrive chez mes parents je m’effondre complètement, je sens mon bébé qui bouge de + en + comme s’il voulait me rappeler sa présence, mon corps se raidit à chaque mouvement, je veux qu’on me l’enlève, je ne veux plus le sentir, ça fait trop mal !!
Les nuits blanches
Je comprends maintenant le vrai sens des mots « nuits blanches », je n’arrive plus à dormir, le bébé bouge tout le temps, je veux qu’on m’endorme et me réveiller sans rien dans mon ventre. Je pensais d’ailleurs à ce moment là que ça se passerait ainsi, je n’avais jamais imaginé que je pourrai accoucher par voie basse, je ne sais pas pourquoi d’ailleurs, c’était évident que vu sa taille on ne pourrait pas faire autrement.
C’est ma sœur qui m’en a parlé et qui m’a fait comprendre que ça serait inévitable malheureusement, j’étais choquée, horrifiée, complètement anéantie.
Ainsi j’allais devoir vivre cet accouchement comme n’importe quel autre, alors qu’au bout du compte ce n’est pas la vie qui m’attendrait mais la mort ! C’est tellement injuste !
Le we passe et au fil des jours, je réalise que c’est mon bébé qui va naitre, je ne peux plus le rejeter comme ça, il est là, bien présent, il n’y est pour rien, je l’aime et je dois l’accompagner jusqu’au bout.
Je lui dis que je suis désolée de ce qui va se passer bientôt, je l’aime très fort et ça ne changera jamais. Je le caresse pour le rassurer.
Le processus va commencer
Le mercredi matin je dois me rendre à la clinique pour prendre ce foutu cachet qui préparera mon col à l’accouchement. C’est une étape dure à franchir, le processus va commencer. Je le prends en pleurant car je sais ce que signifie ce cachet, je demande aussi quel est le sexe de mon bébé, c’est un garçon, je m’en doutais.
Je vois l’anesthésiste qui m’explique qu’on me mettra une péridurale pour la douleur, je connais ça j’en ai eu une pour mon ainé.
Je rencontre également sur place la surveillante du service dans lequel je serai, elle a l’habitude de ces situations et parler avec elle me fait un bien fou, elle est tellement gentille, elle dédramatise tout ça avec exactement les mots qu’il faut, m’explique tout ce qui va se passer et me parle des différents choix que j’ai pour mon bébé, l’incinération et le jardin des souvenirs où sont placés tous ces petits anges, ou bien l’inhumation qui sera à notre charge. Je peux même avoir une petite cérémonie avec un prêtre si je le souhaite. Je pense opter pour l’incinération et les laisser s’occuper de tout ça pour le moment.
Je rentre chez moi et les jours passent, la panique grandit un peu plus chaque jour, j’ai peur du moment où je vais perdre mon bébé, je l’aime tellement, je sais que je me sentirai vide et seule sans lui.
C’est insupportable mais Benoit est là et me console tant qu’il le peut.
Il est le seul à me faire un peu de bien, je partage cette souffrance avec lui.
Le jeudi je prépare les affaires de Guilhem que je vais confier à mes beaux parents pendant mon séjour à la clinique.
Le pauvre a bien compris qu’il se passe quelque chose, malgré ses 21 petits mois il comprend que sa maman ne va pas bien du tout.
Je lui explique donc ce qui va se passer, je lui dis que rien n’est de sa faute dans mon état, que je l’aime très très fort et que j’ai bcp de chance de l’avoir. Il me fait un gros câlin, trop émouvant.
Allez on part, c’est l’heure. Je suis admise dans la soirée à la clinique pour accoucher le lendemain matin.
Evidemment je suis très stressée, Benoit m’accompagne, m’installe dans ma chambre et part, il reviendra le lendemain. La nuit est courte pour moi, impossible de fermer l’œil.
La sage femme arrive très tôt pour me déposer dans le col le cachet qui va démarrer l’accouchement. Les heures passent et les contractions commencent, de + en + régulières et douloureuses. Le personnel médical passe me voir régulièrement et me rassure le + possible.
Cette fois je n’en peux plus, j’ai trop mal je demande la péridurale. On me prépare donc à aller en salle d’accouchement mais manque de bol, je ne suis pas la seule à accoucher, et il faut qu’ils nettoient d’abord une salle avant de m’y installer, c’est extrêmement long et pendant ce temps je souffre vraiment, j’ai mal et je pleure.
Enfin on vient me chercher après de longues minutes interminables, l’anesthésiste arrive et ça y est la péridurale est branchée, je ne sens plus rien, un énorme soulagement. Je me sens bcp mieux, j’arrive même à discuter tranquillement avec Benoit, je crois que l’effet anesthésiant de la péri’ me rend plus zen.
La sage femme passe voir où j’en suis régulièrement, je recommence à avoir mal malgré les doses que je me réinjecte, je l’appelle donc, elle vérifie, me remets une dose de péri et là je sens qu’il se passe quelque chose, j’ai mal et d’un coup je perds les eaux, l’expulsion va vite venir.
On appelle mon gygy, il arrive, je fonds en larmes, on me met un drap pour cacher tout ça. Je sens que le gygy va chercher mon bébé, ça y est il sort, aucun son, le silence total, je suis tellement désespérée, je ne le verrai pas tout de suite, ils vont d’abord le préparer.
Bébé est né
Nous sommes le 29 janvier 2010, et mon bébé est né à 12h27.
La sage femme revient peu de temps après avec un petit drap dans les mains, le bébé caché dedans, je suis surprise car ça a l’air vraiment petit. Elle me le montre ça y est je le vois, bizarrement je ne pleure pas, je le prends dans les bras, je le regarde, il est beau, si petit, il a l’air endormi, ils lui ont même fabriqué un petit vêtement comme une chemise de nuit.
Tout y est, tout est parfait, la tête bien formée, les mains, les pieds, le petit zizi.
Il s’appellera Gabriel comme l’ange Gabriel.
Je demande à Benoit s’il veut le prendre, il n’ose pas il s’effondre pour la première fois, il culpabilise de lui avoir fait ça.
Je lui dis que c’est mieux pour tout le monde, pour lui, pour nous, pour son grand frère. Après quelques minutes je rappelle la sage femme pour qu’elle vienne chercher Gabriel, elle prend quelques photos pour nous laisser un souvenir de lui, elle l’emmène, je ne le reverrai pas avant la cérémonie prévue avec le prêtre dans 3 jours.
Comme prévu pendant ces 3 jours, je me sens vide, tellement seule, personne ne peut m’aider, apaiser ma douleur, ce manque abominable. J’espère que Gabriel me comprend qu’il a été bien accueilli là-haut, qu’il est heureux surtout. J’ai l’impression de l’avoir abandonné alors que je l’aimais tant. Je me dis que je l’ai privé de sa mère, je culpabilise.
Ce sentiment ne me quittera pas tout de suite. Je me retrouve dans cette chambre, quasiment la même que pour mon premier fils, à la différence près que cette fois j’ai accouché et je suis seule, pas de bébé qui pleure, juste moi et mes larmes.
Le lendemain on fait une écho de contrôle pour vérifier qu’il ne reste plus rien dans l’utérus, voir cet écran tout vide me bouleverse, c’est un nouveau coup de poignard. Le dimanche arrive et je vais quitter la clinique, c’est comme si j’abandonnai mon fils une 2ème fois, c’est très dur de partir mais je reviens demain matin pour ma petite cérémonie.
La cérémonie
Lundi matin nous retrouvons la surveillante qui nous conduit dans une petite pièce où elle a installé Gabriel dans un couffin.
Je m’effondre encore une fois en le voyant, je le prends dans mes bras, il est si froid, il a déjà changé je trouve.
Je lui ai rapporté une image de St Gabriel, + 2 autres images pour qu’il parte avec.
Le prêtre arrive et nous commençons la cérémonie. Il finit en bénissant Gabriel et nous laisse seuls avec lui.
Il est temps de lui dire au revoir, je lui donne un baiser et nous partons.
Le retour est très douloureux, cette fois je ne le reverrai plus. Il ne me reste que ses photos.
On m’a arraché mon bébé, mes tripes. Il me reste 15 jours pour décider de ce que je veux faire de son petit corps. J’ai du mal à me dire qu’il va rester là bas alors que pour moi sa place est près de sa famille, j’hésite beaucoup à le faire inhumer dans le cimetière familial mais il est si petit, Benoit ne veut pas le voir perdu dans cette grande boite.
Et surtout je n’ai pas la force d’organiser tout ça, tant pis je le laisse, il n’est pas seul, il a un petit Léopold né 4 jours plus tôt qui l’accompagnera et ils vont retrouver pleins de petits anges au jardin des souvenirs.
Maintenant commence le long travail de deuil, avec ses hauts et ses bas.
Je redoute le silence des gens qui m’entourent, je ne veux pas qu’on oublie mon petit Gabriel, il est mon fils, il a le droit d’avoir sa place comme n’importe quel autre enfant dans une famille.
Je l’aime, c’est mon enfant.
Gabriel
Je suis Mamange depuis peu et j’ai décidé de rejoindre votre association afin de faire vivre mon petit ange Gabriel parti beaucoup trop tôt !!!
Voici mon histoire…
Je m’appelle Déborah, j’ai 29 ans, je vis dans l’Eure (27) à mi-chemin entre Paris et Rouen et je suis infirmière de bloc opératoire.
Il s’agit de ma première grossesse et de mon premier enfant.
Le 25 décembre 2013, vers 6h du matin, je décide de faire un test de grossesse (je suis tombée enceinte grâce aux tests d’ovulation).
A ma grande surprise, le mot « enceinte » s’affiche, m’offrant le plus beau des cadeaux de Noel.
Mon chéri dort encore… Je vais chercher des petites chaussettes où il y a inscrit « j’aime Papa ».
Je possède beaucoup d’affaires de bébé car je réalise des pièces montées en couches pour les naissances de mes amies. Je les ai glissé dans la jolie boîte où la veille, mon compagnon m’a offert un magnifique collier. Puis, je suis allée la glisser sous le sapin…
A son réveil, je l’amène au pied du sapin où il reconnait la boîte et me dit
C’est la boîte de ton collier!
Je lui réponds
Ouvre!!!
Je garderai ces images en tête toute ma vie ! Il ouvre, reste immobile et muet pendant plusieurs minutes…
Puis, les larmes aux yeux, il me prend dans ses bras et notre joie éclate ! Le début du bonheur…
Un mois plus tard, le jour des 30 ans de mon chéri, nous décidons de l’annoncer à nos familles respectives et nos amis.
Tout le monde est heureux pour nous ! Ca y est… Nous sommes prêts, nous voulons accueillir ce bébé et nous l’aimons déjà!
Première échographie
La première échographie arrive, tout va bien ! OUF…
Je fais le dépistage pour la trisomie 21. Quelques jours plus tard, on m’appelle : le risque de trisomie 21 est très faible (1/10000) mais mes dosages hormonaux sont très bas, trop bas ! On me demande de refaire une échographie de croissance dans un mois.
Premiers moments de stress… On me rassure mais j’ai déjà un mauvais pressentiment. Ce fut un mois d’attente horrible !
2ème échographie
A 4 mois de grossesse, je fais cette nouvelle échographie. J’ai mal au ventre, j’ai peur !
Tout se passe bien, le bébé est « normal » par rapport au terme (malheureusement, à ce stade, il était encore trop tôt pour déceler quoi que ce soit…). Je suis rassurée, tout va bien!
Et… c’est un garçon!!!
Nous sommes comblés de joie ! Premier garçon de la famille ! Nos familles sont heureuses !
J’ose enfin annoncer au reste de la famille que je suis enceinte. Je commence à acheter quelques vêtements et accessoires.
J’arrive à me projeter avec mon bébé et surtout je ressens les premiers coups de pieds ! C’est génial !
Je me sens devenir « Maman » et j’adore ça…
3ème échographie
19 mai 2014, échographie à 5 mois et demi de grossesse.
Nous sommes dans la salle d’attente. J’angoisse, j’ai mal au ventre…
J’essaye de prendre sur moi. Mon chéri tente de me rassurer, mais rien n’y fait !
Il y a quelque chose. L’échographie commence, tout va bien !
Puis, le gynécologue arrive sur le cerveau. Il devient blême et n’arrête pas de regarder encore et encore.
L’échographie dure environ 45 minutes. J’en suis sûre, il y a un problème !
Puis, le verdict tombe: « agénésie septale » (absence de la cloison séparant les deux ventricules cérébraux).
Il nous parle de neuropédiatre, de généticien, d’amniocentèse… Mon fils n’a pas cette cloison. Pourquoi???
J’ai beau être infirmière, tout se mélange dans ma tête ! Je ne comprends pas trop ce qu’il se passe…
Je pleure car je sais qu’il nous prépare déjà au parcours du combattant, c’est que cela doit être grave !
Mon chéri, quant à lui, n’a rien compris.
Il pense que le gynécologue ne voit pas bien et que c’est pour cela, qu’il souhaite me revoir le lendemain.
En réalité, il veut juste confirmer le diagnostic et réaliser une amniocentèse.
Les résultats de celle-ci sont bons au premier abord. On nous explique un peu plus la pathologie de notre bébé et le pronostic : deux possibilités. Soit, il s’agit d’une agénésie septale isolée et dans ce cas, c’est plutôt de bon pronostic malgré d’éventuels problèmes de vue allant jusqu’à la cécité !
Mais aussi, des problèmes thyroïdiens, d’hormone de croissance pouvant être traités grâce à des médicaments.
Par contre, s’ils trouvent d’autres anomalies cérébrales, alors, ce sera de mauvais pronostic avec de gros problèmes mentaux et/ou physiques.
Malheureusement, on nous explique que l’on ne pourra jamais nous garantir que l’absence de septum est isolée et que mon enfant ne sera pas aveugle. On nous dit également, que les autres signes ne pourront être décelés qu’à 32 SA à l’IRM et à l’échographie.
Nous sommes anéantis car nous réalisons qu’il va nous falloir attendre deux mois pour savoir si notre bébé a d’autres malformations ou non.
L’attente
S’en suivent deux mois de doutes, de stress. L’attente d’un diagnostic sans savoir si mon petit bout de chou verra le jour !
Une attente atroce… Il y a des jours plein d’espoir où nous avons envie d’y croire.
De croire en notre « cadeau de Noel » qui ne cesse de grandir.
Je le sens bouger de plus en plus. Il vit, il s’accroche à moi. J’ai l’impression qu’il essaye de communiquer avec moi.
Comment faire pour ne pas trop s’attacher à lui ? IMPOSSIBLE… Je l’aime déjà trop !
Il fait parti de moi… C’est mon FILS !
Et puis, il ya des jours où il n’y a plus d’espoir, on n’y croit plus… On se dit que c’est trop grave ! Et l’on se répète sans cesse « pourquoi moi » ??
Nous n’avons pas les mêmes coups de blues avec mon chéri. Heureusement, on se soutient mutuellement.
On communique énormément (c’est notre force). On a évoqué toutes les possibilités pour se préparer (même si l’on n’est jamais vraiment prêt pour ce genre de situation).
Nous avons rencontré la neuropédiatre à Paris et la généticienne à Poissy. J’ai eu d’autres échographies et des prélèvements sanguins.
Pour le moment, tout est bon mais c’est toujours trop tôt ! Les professionnels essayent de nous rassurer mais, même eux, une fois leurs pourcentages donnés, ils ne peuvent rien nous dire de plus.
Et ce sera de toute façon à nous que reviendra l’ultime décision. Que faire? On ne connaît même pas les conséquences de la pathologie de notre enfant.
Quel avenir allons-nous lui promettre? J’ai envie de garder mon bébé.
Je n’imagine pas arrêter sa vie. Je le sens tellement et je pense qu’il doit ressentir que sa maman ne va pas bien !
Avec les conseils d’une sage femme, je décide de l’accompagner au mieux quelque soit la décision, pour n’avoir aucun regret. Avec mon chéri, nous décidons d’aller au bout des examens pour ne pas regretter et faire tout ce que l’on peut pour notre fils. Ce fut les deux mois les plus horribles de ma vie ! Cette attente fut invivable et quelques jours avant l’IRM, je n’y croyais plus…
Depuis l’annonce de l’agénésie septale, je suis arrêtée.
Je reste seule chez moi… j’essaye de m’occuper mais mon esprit est toujours avec mon bébé et cette horrible décision.
Puis, l’IRM arriva.
Nouveau coup de massue !
Le 2 juillet 2014. Nouveau coup de massue ! Le bébé a des troubles de la giration : ces hémisphères cérébraux sont asymétriques.
On ne sait pas trop si c’est lié à son agénésie septale. Même les professionnels de santé ne savent plus trop.
L’échographie révèle à son tour d’autres malformations cérébrales : ses nerfs optiques n’ont pas grossi comme ils auraient dû et son périmètre crânien bipariétal est très petit !
On nous dit que ce n’est plus du tout le même pronostic et que notre bébé a beaucoup trop de malformations neurologiques !
On est arrivé au bout des examens.
Ça y est : il faut prendre une décision !!! L’ensemble de l’équipe médicale est inquiète pour mon bébé…
Nous prenons l’horrible décision de l’IMG. Je suis à plus de 32 SA. Puis, tout est allé très vite…
J’ai beaucoup de chance car j’ai fais l’interruption à l’hôpital où je travaille.
Du coup, c’est mon gynécologue qui a fait « le geste » sur mon bébé. Une collègue infirmière-anesthésiste est venue alors qu’elle ne travaillait pas ce jour-là, pour s’occuper de moi de la péridurale jusqu’au « geste » sur le bébé.
Je pense qu’elle a fait ce qu’il faut pour me détendre… Malgré tout, je sens mon « loulou » se battre contre cette aiguille (j’ai d’ailleurs toujours les traces de celle-ci sur mon ventre). Il ne veut pas nous quitter…
Pendant ce temps, mon compagnon est dans la chambre, il fait les 100 pas. Il s’inquiète car cela fait 3 heures que je suis en salle de travail. Le seul moment où j’ai pleuré, c’est lorsque mon gynécologue est venu me serrer dans ses bras en me disant
C’est terminé !
Ensuite, ça a été très long… j’ai accouché le lendemain à 5h51.
L’accouchement
Une autre collègue infirmière-anesthésiste qui était de garde cette nuit-là, est restée avec nous dès mon installation en salle de travail jusqu’à l’accouchement. Je suis tellement reconnaissante de tout ce qu’elles ont fait pour nous.
Je suis consciente que j’ai vraiment eu de la chance de les avoir et qu’elles ont rendu la situation beaucoup plus facile à vivre.
Elles sont devenues les « marraines de Cœur » de mon petit Gabriel, né le 16 juillet 2014.
Il pesait 1,830 kg et mesurait 42 cm. Il était magnifique !!!
Il est parti avec un petit pyjama, des chaussettes « j’aime papa et j’aime maman » et un doudou où j’ai vaporisé nos 2 parfums.
Je n’ai pas pleuré. Je l’ai regardé; j’ai analysé chaque détail de mon bébé.
Nous avons profité de ces 2 heures de rencontre avec notre fils. Nous avons choisi « Gabriel » comme prénom.
Ce n’est pas très original, mais c’est notre Ange !
Retour à la maison
Lorsque je suis rentrée chez moi, cela a été très dur. Je me revoyais enceinte partout dans la maison.
A chaque fois que je faisais quelque chose, je me disais
La dernière fois que j’ai fais ça, j’étais enceinte !
Je voulais mon enfant, je voulais Gabriel !
Même si je sais que nous avons fais le bon choix pour notre fils, c’est inhumain de perdre son bébé et d’avoir attendu un diagnostic pendant 2 mois alors que l’issue était fatale… Aucune femme, aucun parent ne devrait être confronté à ce genre de situation.
La décision de toute une vie… Je ne souhaite à personne ce que nous avons vécu. Pas même à ma pire ennemie.
Je n’arrête pas de me dire « pourquoi moi ? ».
A qui ai-je fais tant de mal pour qu’elle m’inflige cela. Cette douleur encrée en moi, qui ne se refermera jamais.
Je me dis que cette personne qui enviait mon bonheur d’être enceinte, a dû faire une poupée « vaudou » dans laquelle elle plantait des aiguilles. L’une d’entre elles a donné les malformations cérébrales de mon fils et une autre l’a séparé définitivement de moi.
Je n’oublierai jamais cette étape de ma vie. Je n’oublierai jamais mon petit Ange qui m’a rendu heureuse durant plus de 7 mois et qui a fait de moi « une Mamange ».
Il est et restera le deuxième homme de ma vie. Je l’aime profondément, il sera toujours dans mon cœur…
A ma sortie de l’hôpital, nous avons envoyé une lanterne dans le ciel à la tombée de la nuit.
Ce fut incroyable ! La lanterne est passée au-dessus de sa chambre avant de partir à l’opposé, rejoindre les étoiles…
Aujourd’hui, nous attendons les résultats de l’autopsie.
Il faut attendre trois mois ! C’est long, trop long !
Encore attendre… comme si je n’avais pas assez attendu depuis ces trois derniers mois.
A la mi-octobre, nous saurons ! Enfin… j’espère !
La généticienne évoque deux possibilités : soit il s’agit d’un accident vasculaire cérébral survenu en tout début de grossesse ou un problème génétique. Cette deuxième possibilité nous angoisse terriblement, car nous pouvons revivre cela pour chaque nouvelle grossesse et je ne sais pas si je me sens capable de revivre tout ça !
Le temps sera, avec mon chéri, les seuls alliés pour apaiser la douleur…
Ce qui me rend triste aujourd’hui, c’est de savoir que je n’aurais jamais cet enfant, je n’aurais jamais Gabriel !
A présent, il n’existe que dans mon cœur et dans ma mémoire…
Maël
J’ai rencontré mon mari un soir d’Août 2012. Ça a tout de suite était le grand amour, on ne s’est plus jamais quitter depuis ce soir là.
J’étais déjà maman d’un petit garçon de 13 mois quand je l’ai rencontrer. Le papa de mon fils m’avait quitter le jour où il a su que j’attendais un enfant. Impossible pour moi de mettre fin à cette grossesse. En effet, je ne pouvais pas le faire étant enceinte de plus de 3 mois quand je l’ai découvert, et je n’en avait pas l’envie.
J’ai donc élever mon fils seul jusqu’à ses 13 mois.
Quand j’ai rencontrer mon mari, il a tout de suite été très attentionné avec Enzo. Je me suis dans un premier temps méfiée, j’avais peur que mon fils s’attache alors que je n’étais pas encore sur que notre histoire fonctionnerai. Avec le temps, mon fils a commencer à appeler mon mari « Papa ». Mon mari aux anges, a voulu reconnaître Enzo comme son propre enfant.
La reconnaissance
Pour lui, même s’il n’était pas son sang, c’était son fils.
Personne ne pourrait jamais lui enlever et, il voulait s’en assurer.
Le 8 Mars 2013, il a reconnu mon fils aux yeux de la loi.
Depuis, ce jour, Enzo a officiellement un papa qui l’aime plus que tout et, qui s’en occupe parfaitement.
Ce jour fût aussi le jour où mon mari m’a demandé de l’épouser.
Pour nous, cela devenait logique de donner un petit frère ou une petite sœur à Enzo. Nous avons donc commencer les essais bébés.
La grossesse
La grossesse ne se fit pas attendre longtemps puisqu’au mois d’Octobre de la même année j’étais enceinte.
Nous étions sur un petit nuage, un mariage qui se prépare, un enfant adorable et un bébé qui se prépare.
Malheureusement, cela fut de courte durée. En effet, un matin de novembre, de fortes crampes abdominales m’ont réveillée.
J’étais en train de faire une fausse couche. Pendant plusieurs jours, j’ai saignée de façon tellement abondante que j’en étais épuisée.
J’ai tellement pleuré, j’avais l’impression que mon monde s’effondrait. Mon petit rêve de vie parfaite avec mon bébé avenir n’était plus qu’un lointain souvenir.
Avec mon mari, nous avons relativisé, j’avais de la chance dans mon malheur d’avoir fait une fausse couche a un mois de grossesse.
Après tout, certaines personnes vivaient des deuils beaucoup plus difficile.
Après quelques semaines, nous avons décidé de retenter d’avoir notre deuxième enfant.
2ème grossesse
Très rapidement (mi-janvier 2014), je suis tombé de nouveau enceinte.
Avec mon mari, nous avons espéré fortement que cette grossesse se passe bien. Tout se passa très bien pendant les 3 premiers mois.
En parallèle, j’étais en train d’organiser mon mariage qui aurait lieu le 19 Avril de la même année.
1ère échographie
A la première échographie (le 12 Avril 2014), j’étais très excitée de savoir comment allait mon bébé, de pouvoir le voir enfin.
Lors de l’examen, mon gynécologue a été extrêmement silencieux. A la fin de l’examen, il m’a reconduit dans son bureau toujours dans un silence qui devenait pesant.
Une fois assise, il m’a expliqué que mon petit bébé avait une taille plus petite que la moyenne, surement dû à un retard de croissance. Il m’a conseillé de me reposer et de revenir le voir une semaine plus tard.
Pendant une semaine, je me suis renseignée sur tout les sites médicaux sur le retard de croissance, ses symptômes, ses conséquences.
J’avais besoin de connaitre ce qui allait arriver à mon enfant.
2ème échographie
Le 18 Avril, jour de mon rendez-vous, j’étais angoissée. Je ne savais pas ce qu’il allait m’annoncer encore une fois.
L’échographie a été très rapide cette fois-ci, en l’espace de 5 min il avait fini de faire l’échographie.
Il m’a regardé et m’a annoncé froidement
Il est mort.
Je suis rester figée, je ne savais pas quoi dire ni faire. Il m’a alors annoncé qu’il fallait provoquer une fausse couche afin d’évacuer le bébé mort. Je ne savais plus quoi faire, pour moi c’était impossible que lui aussi soit décédé.
Il a voulu me provoquer l’avortement thérapeutique le lendemain.
Je ne savais plus quoi lui dire, le lendemain je devais me marier.
Lui expliquant la situation, il m’a tout simplement dit
Mariez-vous, on fera ça lundi, amusez-vous bien.
Autant vous dires que le jour de mon mariage n’a pas du tout été le plus beau jour de ma vie.
Mon mari et moi, avons été très heureux de nous dire OUI pour la vie, mais notre joie reste amer.
L’avortement
Le lundi suivant, je me suis donc rendu à l’hôpital afin d’effectuer l’avortement.
Ils m’ont fait prendre deux comprimés qui ont déclenché des contractions et, l’expulsion de mon bébé.
J’ai souffert comme jamais je n’avais souffert.
J’ai perdu du sang par litre, mon mari était sans cesse derrière moi pour s’assurer que je ne fasse pas de malaise.
Ça a été les 24 heures les plus longues de ma vie, en plus de souffrir, je disais adieu à mon deuxième petit bébé.
J’ai mis plusieurs semaines à m’en remettre physique et mentalement également.
La vie à 3
Mon mari et moi, après avoir vécu deux pertes, avons décidé de ne plus retenter d’avoir un enfant.
Nous étions heureux à 3 et, resterions 3.
J’ai recommencé à prendre une contraception par pilule après la perte de mon deuxième bébé.
Notre vie a repris son cours un peu près normalement même si mes deux bébés me manquaient.
Mi-juillet 2014, j’ai eu beaucoup de retard dans mes règles.
Ayant fait deux fausses couches en peu de temps, mon taux de fer était très bas, trop bas. J’ai essayer plusieurs traitement mais, pour ne pas faire comme tout le monde, j’ai fait des réactions allergiques.
Je ne me suis donc pas alarmée sur l’absence de règles, j’étais très fatiguée et stressée.
On a toutes eu des retards de règles qui n’engendrait pas de grossesse, et puis je prenais la pilule après tout, pourquoi aurais-je du m’inquiéter ?
3ème grossesse
Au bout de deux semaines, je me suis décidée à faire un test quand même pour me rassurer personnellement, sans en parler à mon mari.
Le résultat était positif. Je n’aurais jamais cru que j’allais de nouveau tomber enceinte, surtout après 2 fausses couches, surtout après autant de stress, surtout avec la pilule.
J’ai décidé d’en parler à mon mari en craignant sa réaction. J’avais eu raison d’avoir peur, il refusa de le garder.
Pour lui, on avait assez souffert comme ça, il était hors de question qu’on retente l’expérience et qu’on soit encore une fois malheureux à en mourir. Pour moi, il était juste impossible de pouvoir avorter.
Je me disais qu’après tout c’était peut-être lui le bébé que l’on attendait.
Après avoir parler énormément, nous avons décidé de le garder quand même et, de tenter le tout pour le tout.
J’ai été suivi beaucoup plus régulièrement par un gynécologue spécialisé dans les grossesses à risques.
Les échographies défilaient tous les mois et, tout allait très bien.
Bébé grandissait bien, son cœur battait, il était en pleine forme.
J’étais sur un petit nuage, j’oublie mes problèmes du passé et, allait être de nouveau maman.
5ème échographie
A la 5ème échographie (le 1 Décembre 2014), j’étais surexcitée, j’allais enfin savoir le sexe de mon bébé.
De plus, pour une fois, mon mari pouvait enfin m’accompagner à une échographie.
Il allait découvrir le bonheur de voir son bébé bouger.
Mon gynécologue m’a fait mon échographie comme d’habitude puis, a voulu approfondir au niveau de sa colonne vertébral.
Une fois l’écho fini, il m’a demandé de me rhabiller et de le suivre dans son bureau.
Il a appelé un de ces confrères de l’hôpital Bretonneau à Tours afin qu’il me reçoive en urgence.
Une fois raccroché, il m’a annoncé qu’il pensait que mon bébé avait un Spina-bifida.
N’étant pas spécialiste, il a souhaitait que j’aille voir de suite un spécialiste à Tours au centre Olympe de Gouges dans le service des grossesses pathologiques. En sortant de son bureau, je suis allez voir mon mari qui était en salle d’attente.
Je lui ai annoncé qu’il fallait qu’on aille de suite à Tours (à 1h30 de route) afin de faire des examens complémentaires pour le bébé.
Nous sommes restés très stoïque. Nous ne savions plus comment réagir à tout cela.
Une fois arrivé à l’hôpital, le docteur m’a de suite reçu et, a effectué une échographie de plus de 2 heures.
A chaque moment de l’échographie, il nous expliquait ce qu’il voyait.
A chaque phrase de sa part, le terme « pathologie aggravée ».
Mon bébé avait un Spina-bifida myéloméningocèle, la forme la plus grave.
A cela, s’ajoutait un problème au niveau du cerveau qui ne se développait pas correctement.
Le docteur m’a donc expliqué qu’il allait pouvoir vivre comme une personne normal au niveau de l’âge.
Cependant, il ne pourrait jamais marcher, parler, manger, rire, jouer.
Il serait malheureusement ce qu’on appelle plus communément un « légume ».
Ils nous ont donc proposé de faire ce qu’on appelle une IMG (Interruption Médicale de Grossesse).
Je rentrais dans les critères de l’euthanasie de mon bébé.
Confirmation du diagnostic
Dans les deux jours qui ont suivi cette annonce, j’ai eu un rendez vous dans le service de diagnostic anténatal de l’hôpital où l’IMG aura lieu.
Là, se suive les entretiens avec un des médecins du service qui me refait une écho, ce qui confirme le diagnostique initial. L’IMG est acceptée.
Oui car il faut le savoir, l’IMG doit être validée par 2 médecins.
Elle peut être pratiquée pour deux raisons:
- grossesse mettant en péril la vie de la mère
- anomalies chromosomiques et/ou morphologiques du bébé
J’ai passée ma soirée à réfléchir avec mon mari.
Tuer mon bébé (oui appelons un chat un chat, euthanasier c’est tuer en plus poli) était juste insupportable pour moi,
mais savoir que mon bébé allait souffrir toute sa vie et devrait subir de multiples opérations était également très dur à vivre.
Mon mari lui avait déjà fait son choix, pour lui on devait tuer notre bébé pour pas qu’il ne souffre et, que nous ne souffrions pas également.
Après une nuit entière, de pleures et de discussions, j’ai accepté de le tuer.
Les médecins voulaient effectuer cet acte le 8 Décembre 2014.
Pour moi, cela était impossible, tuer mon bébé le jour de mon anniversaire me marquerait à vie.
J’ai donc demandé de le faire le lundi suivant ce qu’ils ont accepté tout de suite comprenant ma position.
3 jours avant
J’ai du prendre 3 comprimés (Mifégyne) qui a pour but de ramollir le col de l’utérus afin de le préparer en vue de l’accouchement.
La prise de se traitement pouvait engendrer le début des contractions ou tout simplement une forte perte de sang.
J’ai donc été prévenu que je devais me rendre à l’hôpital directement si cela se produisait.
Entrée à l’hôpital
J’ai été admise dans le service vers 21h la veille de l’IMG.
Mon mari m’a accompagnée et a pu dormir auprès de moi pour pouvoir me soutenir à chaque étapes.
22h00, l’interne est venu me chercher afin de poser les 5 bâtonnets (Dilapan) qui permettront à mon utérus de se dilater.
J’ai été informer que la pose pouvait être douloureuse. Pendant 30 minutes, ils ont essayé de me poser le premier bâtonnet mais, ils n’y arrivaient pas. Ils ont du finalement me pincer le col de l’utérus avec une pince afin de pouvoir poser le premier.
Ils ont ensuite réussit à un poser un deuxième mais, cela étant extrêmement douloureux pour moi, ils ont arrêté la pose espérant que cela suffirait.
Au bout d’une heure, j’ai pu rejoindre ma chambre afin d’essayer de dormir avant le grand jour.
Jour de l’IMG
Les infirmières viennent nous réveiller à 7h00, le temps que j’aille prendre une douche à la Bétadine et que mon mari puisse prendre un petit déjeuner.
8h00, nous somme accompagnés dans la salle d’accouchement. Le sage femme qui va s’occuper de moi durant toute la journée se présente à moi. Il m’explique le déroulement de la journée, me pose la perfusion et le tensiomètre afin de pouvoir me surveiller toute la journée.
Mon angoisse commence à monter, je me disais que c’est bon le processus était lancé, que je ne pourrais pas revenir en arrière.
9h00, l’anesthésiste et son interne viennent ensuite se présenter à moi.
Ils m’expliquent qu’ils vont me faire une pose de cathéter pour la péridural. La souffrance recommence pour moi.
Pour ne pas faire comme tout le monde, j’ai une malformation de la colonne vertébrale qui n’a pas aidé pour la pose.
Ils ont du mettre une bonne demi-heure avant de réussir à me la poser.
Ils sont venu vérifier régulièrement la sensibilité de mes jambes avec le test du « glaçon ». En effet, il me posait un glaçon sur la jambe afin de savoir si je ressentais le froid de celui-ci ou non.
10h00, les médecins, le sage femme, l’infirmière et les anesthésistes sont rentrés dans ma chambre.
C’est le moment que je redoutais le plus, le moment d’euthanasier mon bébé. Ils m’ont caché la vue de mon ventre afin que je ne vois pas l’acte en lui même. Ils m’ont expliqué chaque étapes.
Ils allaient tout d’abord injecter un médicament afin de l’endormir dans le cordon ombilical puis, une autre injection sera effectuée afin de lui arrêter le cœur, tout cela sous contrôle échographique.
Mon mari a du sortir pour cet acte.
Une infirmière est restée à mon niveau afin de me soutenir et, de me parler durant tout l’acte.
Elle me parlait de mon fils, gérait la pompe à morphine afin que je puisse être au mieux.
Une fois l’acte terminé, ils m’ont annoncé que c’était fini et sont partis en me laissant avec mon mari.
12h00, le sage femme revient.
C’est elle qui prend en charge la suite. Retrait des bâtonnets, je suis dilatée d’1 cm.
Elle perce donc la poche des eaux avant de déclencher l’accouchement.
Une fois cela fait, elle me pose 2 comprimés (Cytotec) qu’elle a humidifié dans mon col pour déclencher les contractions.
Elle me prévient que cela peut mettre du temps, en général 1cm = 1h mais que cela peut prendre plus ou moins de temps.
Donc elle repassera dans 3h de temps pour voir où cela en est.
17h00, mon mari et moi attendons toujours que les contractions se déclenchent.
Le sage femme décide de percer la poche des eaux afin d’accélérer le travail.
Il me précise que cela peut encore prendre quelques heures.
17h30, je ressens une sensation bizarre, comme si cela poussait contre mon grès.
Mon mari court cherche le sage femme. Il m’examine et m’annonce que mon bébé est là, prêt à sortir.
Il appelle sa collègue et me prépare pour l’accouchement.
En a peine une poussée, mon bébé était sorti. On nous demande si nous souhaitions le voir mais nous avons refusé.
Ni mon mari, ni moi ne nous sentions capable de le voir.
L’infirmière a donc emmené notre bébé et le sage femme à fini de faire sortir le placenta.
Une fois l’accouchement fini, on nous a demandé son prénom et si nous avions des vêtements pour lui.
Ma mère m’avait tricoté un petit ensemble taillé très petit exprès pour lui que nous souhaitons lui mettre.
Pour le prénom, n’ayant pas eu connaissance du sexe avant et, ne voulant pas le savoir, nous avons souhaité l’appeler Maël.
Le sage femme nous a ensuite laissé seuls pendant quelques heures le temps que la péridural s’estompe doucement.
J’ai demandé a mon mari d’aller me chercher à manger et, pendant son absence j’ai fondue en larmes.
Depuis l’annonce de la malformation de mon bébé, je n’avais pas versée une seule larme.
J’avais l’impression que je n’avais plus de sentiment.
Mais là, après cette journée si longue et si dure moralement, je n’ai pas pu m’empêcher de fondre en larmes.
19h00, retour dans ma chambre, interdiction de me lever seule (même si je le fais de suite car j’ai ressenti le besoin d’aller faire ma toilette). On m’apporte un repas très léger, un potage et un yaourt, et me laisse passer une nuit.
Le lendemain
Réveil à 7h00, afin de pouvoir prendre un petit déjeuner.
Mon mari a ensuite pris la route vers le centre ville de Tours afin de pouvoir aller a la mairie pour faire reconnaître notre enfant.
Il sera donc reconnu en tant qu’enfant mort né.
Nous avons pu rentrer chez nous à partir de 14h00.
Les jours qui ont suivi on été très douloureux moralement surtout que l’organisme de sécurité sociale ne m’a pas vraiment aidé dans mon deuil.
Oui, car il faut savoir que lorsque l’on subit un IMG, nous avons le droit à notre congés postnatal et congés maternité.
Bien entendu, le congés maternité s’il n’est pas pris, peut-être ajouté au congés postnatal comme pour une grossesse normal.
J’avais donc droit à mes 6 semaines de congés maternité et 10 semaines de congés postnatal soit 16 semaines.
L’IMG étant très peu connu surtout dans une petite ville comme Châteaudun, les agents de la sécurité sociale ne comprenaient pas pourquoi j’avais le droit à mon congés et, pourquoi je voulais en bénéficier. Après leur avoir expliqué ce que c’était et pourquoi je l’avais fait, j’ai eu le droit à des reproches au sujet de ma décision, des jugements, …
J’ai eu le droit à toutes les remarques possibles et inimaginables :
- on m’a insulté de tueuse de bébé
- on m’a comparé à Véronique Courjault
- on a essayé de me refuser mon congés mat’ car je n’avais pas d’enfant après mon accouchement
J’ai du faire face à des gens qui était dans l’incompréhension la plus totale et à me battre pour obtenir mon droit.
Oui, en effet, mon bébé était décédé donc je n’avais pas a m’en occuper, mais j’avais quand même subit une intervention lourde au niveau de mon utérus et un accouchement.
Après une semaine de bataille administrative, j’ai pu obtenir mon congés maternité, et j’ai également pu obtenir les 2 semaines de mon mari.
Je pensais que la bataille était finie, que j’allais enfin être tranquille, malheureusement mon IMG allait encore me poursuivre quelques mois.
L’autopsie
En effet, après l’accouchement, mon bébé devait subir une autopsie dans les 3 mois qui suivaient. Les médecins voulaient s’assurer qu’il n’y avait pas une cause génétique. Pour eux, mes deux fausses couches précédentes et mon IMG avaient peut être un lien entre eux.
Mi-mars, j’ai été convoqué à Tours pour pouvoir obtenir le compte rendu de l’autopsie de mon enfant.
Le docteur m’a confirmé que mon bébé avait bien de multiples malformations.
Il m’a également affirmé que ce qui était arrivé à mon bébé était « la faute à pas de chance » comme pour mes deux fausses couches.
Cela ne m’a pas forcément soulagée. Savoir que 3 fois d’affilée, la malchance m’avait poursuivit ne me consolait en aucun cas, bien au contraire.
L’incinération
Maintenant, je n’avais plus qu’à attendre l’incinération de mon petit Maël.
Juin arrivé et je n’avais toujours pas de nouvelles de son incinération.
Je me suis permise d’appeler le service mortuaire de Tours afin de savoir où en était son incinération.
J’ai eu une réponse juste insupportable à entendre. En effet, il faut savoir qu’une incinération coûte en moyenne 2000€, et que les frais que moi j’ai payé pour mon fils était de 145€.
J’ai donc eu droit comme réponse
Il sera incinérer quand nous aurons assez de bébé pour rentabilisé l’acte.
Entendre cette phrase était juste horrible pour moi, j’ai une l’impression qu’il parlait d’un bout de pain qui aller mettre au four avec les autres baguettes.
On m’a donc indiqué que ça serait surement fait mi-octobre.
J’ai donc patientée pendant plusieurs mois dans l’espoir de recevoir un courrier m’informant de son incinération.
Je n’ai pas réussit à faire mon deuil pendant tout ce temps, j’avais l’impression de le laisser seul, sans personne autour de lui.
J’ai tellement culpabiliser d’avoir fait cette IMG, même si tout le monde me disait « tu as fait le bon choix », cela ne me consolait pas.
C’est même le genre de phrase que je ne voulais pas entendre.
Je n’avais pas fait le bon choix, j’avais juste fait le seul choix qui me paraissait juste pour lui.
Le 15 Décembre 2015, un an jour pour jour avec le décès de Maël, j’ai rappelé la mairie afin d’avoir de nouveau des informations.
Je trouvais cela insupportable de ne pas savoir ce qu’il en était. L’homme qui m’a répondu m’a tout simplement annoncé qu’il avait été enterré le 9 Septembre dernier, et qu’ils avaient omis de m’envoyer un courrier afin de me prévenir.
Intérieurement je leur en voulais de ne pas m’avoir prévenu, d’un autre côté j’étais soulagée de savoir que mon bébé était enfin au ciel.
Actuellement, je me remets doucement du décès de mes trois anges. Je suis maintenant ce que l’on appelle une maman’ange.
Je vis avec le fait d’avoir 4 enfants dont seulement 1 en vie.
Mon mari et moi avons décidé de me faire poser un stérilet, et de ne plus jamais avoir d’enfant.
Je suis toujours en colère contre moi même d’avoir dû faire ce choix.
J’ai l’impression d’avoir tué mon bébé, et je ne me le pardonnerai jamais.
Je vis avec seulement.